Lectures du vendredi 11 janvier 2019 : Salimata Togora, Nancy Huston

(Photo : Coumba Sylla)
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(Photo : Coumba Sylla)
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Extraits

(Photo : Coumba Sylla)
(Photo : Coumba Sylla)

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La vie jalouse de « nos instants de bonheur » ?

(Photo : Coumba Sylla)
(Photo : Coumba Sylla)

« On doit se demander si ce n’est pas par jalousie de nos instants de bonheur que la vie s’amuse à nous mettre des bâtons dans les roues. »

(Salimata Togora, « La coupable » dans « Destins de femmes »)

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« L’amour seul ne (suffit) pas »

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(Photo : Coumba Sylla)

– L’amour, est-ce cela qui te fait vivre ?

– Hélas oui.

« D’ailleurs, pourquoi discuter ? Tu ne peux pas comprendre, mère. Tu es d’une autre époque. L’époque où l’amour était taxé de vice et où les époux ne se découvraient que dans la chambre nuptiale ; l’époque où l’épouse était la soeur, la mère mais pas la maîtresse. L’époque où la féminité était mutilée pour cadrer sa libido. L’époque où l’épouse d’un certain âge était remplacée dans ses fonctions par une jeunette plus vigoureuse.

Mais mère, moi je ne suis pas de cette époque-là.

– Je t’avais prévenue que l’amour seul ne suffisait pas.

– Il devrait suffire.

(Salimata Togora, « La coupable » dans « Destins de femmes »)

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Insoutenable chagrin maternel

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(Photo : Coumba Sylla)

« Papa est un brave type. Sinon, croyez-moi, ce n’est pas tout le monde qui peut entretenir deux épouses et une dizaine d’enfants avec un salaire de chauffeur fonctionnaire.

En fait, le mot entretenir est un peu exagéré quand il s’agit de père, car, si d’entretien il fait à la maison, c’est bien le sien. Roi déchu de la sape, monsieur est toujours tiré à quatre épingles quand il part au boulot, tandis que la marmite vide siffle sur le feu. L’occasion pour Bagnini de piquer une de ses colères légendaires. Place aux injures et à d’autres vulgarités. Mais papa s’en fiche. Car quand papa est sapé, le monde peut s’écrouler que ce n’est pas son problème.

(…)

(Photo : Coumba Sylla)
(Photo : Coumba Sylla)

Le cancer de maman est le chagrin. Un chagrin qui la tue à petit feu. Je dois être un soutien pour elle, mais mon épaule n’est pas assez solide pour supporter tout. Et cette limite est ma tristesse. »

(Salimata Togora, « Une fille comme les autres » dans « Destins de femmes »)

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« Jamais assez prêt pour entendre une vérité cruelle »

(Photo : Coumba Sylla)
(Photo : Coumba Sylla)

– Pour moi, tu es et restes le fils de Bâ Fatou, la lingère du quartier…

– Cela ne suffit pas à Dramé pour me donner sa fille en mariage.

– Pourquoi ne te lies-tu pas à une famille moins exigeante ?

– C’est la fille Dramé que j’aime.

– Hum ! L’amour nous fait plus de mal que de bien, mon enfant. Sois raisonnable.

– Raconte-moi, je suis prêt.

– On n’est jamais assez prêt pour entendre une vérité cruelle.

(Salimata Togora, « Un passé cruel » dans « Destins de femmes »)

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[J’ai eu la malchance de tomber sur une version de ce livre avec un errata long comme le bras… qui a oublié de signaler de nombreuses autres coquilles et fautes de typographie.

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(Photo : Coumba Sylla)

Gnnnn ! J’ai eu l’impression, pendant sa lecture, de manger du fonio avec du sable dedans. J’ai cependant vu un autre exemplaire publié sans liste d’erreurs. J’espère qu’il s’agit d’une version « plus propre »…]

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(Photo : Coumba Sylla)
(Photo : Coumba Sylla)

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Même seul, « on a besoin de l’aide de quelqu’un »

(Photo : Coumba Sylla)
(Photo : Coumba Sylla)

« Pas d’équivalent féminin de Henry David Thoreau, vivant pendant des années en autarcie individuelle. Pas de Robinsonnette sur une île déserte. Le fantasme de la solitude totale est rarement un fantasme de femme.

OR POUR ECRIRE QU’ON EST SEUL, ON A BESOIN DE L’AIDE DE QUELQU’UN. Même les moines cisterciens, abîmés du matin au soir dans la prière et la méditation, le silence et la privation, dépendaient pour leur survie des moines convers, qui s’occupaient du potager, faisaient la cuisine et le ménage. De la même manière, la simplification volontaire de l’existence des penseurs professionnels, la solitude et la pureté monacales sur lesquelles elle repose, ne sont possible que GRACE AU TRAVAIL DES AUTRES, le plus souvent des femmes. »

(Nancy Huston, « Professeurs de désespoir »)

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« Comme la révolution copernicienne« 

(Photo : Coumba Sylla)
(Photo : Coumba Sylla)

« LE NIHILISME EST MISOGYNE DANS SON ESSENCE, puisqu’il condamne l’existence physique et en tient les femmes responsables. Même si l’on sait, depuis la découverte des chromosomes au 19e siècle, que dans la conception d’un enfant (c’est-à-dire aussi dans la création d’une âme) le père +y est+ pour exactement autant que la mère, le rôle voyant, durable et parfois dangereux que joue celle-ci frappe les imaginations, et donc les inconscients, et donc les convictions profondes. C’est comme la révolution copernicienne : on a beau savoir que la terre tourne autour du soleil et non l’inverse, on n’arrive pas à bannir de notre vocabulaire les levers et les couchers de soleil.

(Nancy Huston, « Professeurs de désespoir »)

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« La famille : du bricolage permanent »

(Photo : Coumba Sylla)
(Photo : Coumba Sylla)

« Contrairement à ce que croient leurs enfants au départ, les parents ne sont pas des dieux : ils se trompent, parfois gravement, font un pas dans un sens puis dans l’autre, culpabilisent, se fourrent le doigt dans l’oeil, se font mal l’un à l’autre, chacun à soi, et aux enfants, c’est inévitable, c’est ainsi. La famille : du bricolage permanent. C’est assez rare, en fait, que les parents soient prêts à devenir parents. »

(Nancy Huston, « Professeurs de désespoir »)

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« Tout est question de circonstances… »

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« On ne naît pas nihiliste, on le devient. C’est comme pour tout. On ne naît pas criminel, ni fou, ni artiste. (Du reste, comme chacun sait, entre les destins de fou, de créateur et de criminel, tout est question de circonstances…) »

(Nancy Huston, « Professeurs de désespoir »)

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A toutes fins utiles…

* « Professeurs de désespoir, de Nancy Huston – A malins, maligne et demie », par Mona Chollet, Périphéries , septembre 2004.

« Elle [Nancy Huston] tente d’enfoncer un coin de ce qui, dans la psychologie collective, résiste le plus ; elle s’entête à poser le doigt là où ça coince, à secouer le cocotier de nos réflexes conditionnés. Qu’on soit entièrement, partiellement ou pas du tout d’accord avec son propos, son nouvel essai, « Professeurs de désespoir », oblige dans chaque cas à se demander pourquoi : en cela, il constitue une précieuse machine à lancer des débats de fond, à faire avancer la question – rarement posée, finalement – de la conception que l’on a de la littérature. »

« Ce qui fait sa force, c’est sa manière de sonder les gouffres de l’âme humaine, de disséquer les douleurs les plus insupportables, sans jamais cesser de tenir farouchement à la vie et d’en capter les moindres éclats de beauté. »

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(Photo : Coumba Sylla)
(Photo : Coumba Sylla)

Coumba Sylla

@ Dakar

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