Lectures du vendredi 30 novembre 2018 : Nancy Huston, Philippe Claudel

(Photo : Coumba Sylla)
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EXTRAITS

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(Photo : Coumba Sylla)

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« Au moins aurons-nous Miles pour nous racheter »

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(Photo : Coumba Sylla)

– Je nous mets quoi ? Miles ?

– Parfait.

(…)

– Hein que c’est beau.

« B*tches Brew », c’est ça ?

– Oui-i-i. Voilà une chose, au moins, qui sera belle à tout jamais. Quand les gens du XXXIe siècle se pencheront sur le nôtre avec ses montagnes de cadavres, au moins aurons-nous Miles pour nous racheter. Au moins pourrons-nous dire : mais on a produit Miles, ce n’est pas rien ! Pour Billie et Chet et Miles, l’espèce humaine vaut la peine d’être sauvée, non ?… Tu nous sauverais bien pour eux, hein, Dieu ?

(Nancy Huston, « Dolce agonia »)

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A part le temps, de quoi parle-t-on pour ne rien dire ?

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(Photo : Coumba Sylla)

– Ma maison est enveloppée dans un linceul de brouillard. Quel temps fait-il là-bas ?

– Désolée, Sean, change de sujet. En Haïti, il fait toujours le même temps ; chaud et ensoleillé !

– Vous parlez de quoi, alors, pour ne rien dire ?

– Des assassinats politiques. « Tu as vu qu’un tel vient d’être lynché à Cité Soleil ? »

(Nancy Huston, « Dolce agonia »)

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Pour une oreille attentive

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(Photo : Coumba Sylla)

 » (…) lors de chacun de leurs échanges, au téléphone, au café ou à la caisse du supermarché, Beth a su parler à Patrizia de ce qui se passait dans le corps de ses proches avec calme et précision. Dans ces moments-là, on ne veut pas entendre des banalités comme +tout va s’arranger+ ou +il n’y a pas de quoi fouetter un chat+ : on veut que votre histoire soit prise au sérieux, saisie et analysée par quelqu’un qui vous connaît et qui s’y connaît ; on veut, s’il le faut, se préparer au pire. »

(Nancy Huston, « Dolce agonia »)

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« Les eaux glauques de la mélancolie »

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(Photo : Coumba Sylla)

 » (…) ils avaient cru pouvoir se rendre heureux en dépit des mille épreuves flagrantes du contraire, notamment le fait que tous deux pataugeaient depuis l’enfance dans les eaux glauques de la mélancolie et avaient peu de chance de se transformer en hédonistes hilares du jour au lendemain, quelque époustouflantes que pussent être les miracles opérés par l’Amour. »

(Nancy Huston, « Dolce agonia »)

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(Photo : Coumba Sylla)

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(Photo : Coumba Sylla)

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Triste lassitude

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(Photo : Coumba Sylla)

« J’ai une belle cave. Mais de cela aussi je me lasse. Rouge ou blanc le vin n’est que du vin. Et la vie reste longue et lente. Nous avons mangé la bûche. Un peu. Je cale vite. Les voisins recevaient. Il y avait du bruit, de la musique, des rires. Comment font-ils pour rire encore. »

(Philippe Claudel, « Plaisir d’offrir » dans « Inhumaines »)

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Mémoire épuisée

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(Photo : Coumba Sylla)

« J’ai pris une pelle. J’ai creusé un grand trou dans le jardin, sous le bouleau. Cela m’a pris trois heures. Je n’ai pas vu le temps passer. L’effort physique présente des avantages. Il supprime toute forme de pensée. J’ai fait basculer les hommes dedans. Je les ai recouverts de terre. Ils gémissaient mais leurs plaintes se sont bientôt étouffées dans la terre. J’ai fini par ne plus les entendre. Cela m’a rappelé certaines scènes de récits historiques, mais je ne suis pas parvenu à me souvenir lesquelles. Ma mémoire est exténuée. J’ai acquis cinq ordinateurs dont les disques durs ont une infinie capacité de stockage. A quoi bon se souvenir. Les machines sont là pour ça. »

(Philippe Claudel, « Plaisir d’offrir » dans « Inhumaines »)

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Lugubres « visages de la vie »

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(Photo : Coumba Sylla)

« Sur nos chaussées ne traînent plus que des êtres sales emballés dans de multiples couches de vêtements nauséabonds qu’ils maculent de vomissures, d’urine et d’excréments. Parfois il en meurt. Surtout en hiver. Mais pas assez. La mort est parcimonieuse. Aboulique. Econome. Paresseuse. Pourtant elle n’a que cela à faire. La mort chôme. On ne s’en rend pas compte tout de suite. On croirait qu’ils dorment car ils dorment toute la journée. Comment faire la différence. La mort se plaît à prendre les visages de la vie. »

(Philippe Claudel, « Art contemporain » dans « Inhumaines »)

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« Drôle d’époque »

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(Photo : Coumba Sylla)

« Morel du service comptabilité a épousé une ourse. Nous sommes allés au mariage. Une imposante cérémonie. Les mariages mixtes se multiplient et ne choquent plus personne. Drôle d’époque. En vérité peu de choses nous choquent. Que faudrait-il pour nous choquer. Je ne sais pas. Que tout le monde s’aime peut-être. Que la paix soit partout répandue sur le monde comme un engrais biologique sur une jeune pelouse. L’ourse était en blanc. J’ai trouvé cela douteux. Ma femme aussi. »

(Philippe Claudel, « Mariage pour tous » dans « Inhumaines »)

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(Photo : Coumba Sylla)

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Coumba Sylla

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A toutes fins utiles…

VIDEO. Miles Davis, extrait de « B*tches Brew » sur la chaîne YouTube MilesDavisVEVO. Date de mise en ligne : 24 mai 2010. Durée : 2 minutes 3 secondes.

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VIDEO. Philippe Claudel évoque « Inhumaines » : extrait de l’émission littéraire La Grande Librairie présentée par François Busnel. Date de mise en ligne : 10 mars 2017. Durée : 15 minutes 38 secondes.

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C.S.

 

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