(Billet rattrapé.)
#VendrediLecture
« Lettera amorosa » suivi de « Guirlande terrestre », de René Char, Editions Gallimard, collection #Poésie, 2007.
Avec des illustrations de Jean Arp et Georges Braque. pic.twitter.com/FrscCEKO9h— Coumba Sylla (@coumbas2) October 25, 2019
- « Lettera amorosa » suivi de « Guirlande terrestre », de René Char, Editions Gallimard, collection Poésie, 2007.
Avec des illustrations de Jean Arp et Georges Braque. Première édition de « Lettera amorosa » : Gallimard, 1953. Première édition de « Guirlande terrestre » : Gallimard, 1996.


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Extraits

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Une forêt nombre de fois centenaire… qui reste à semer


« Je voudrais me glisser dans une forêt où les plantes se refermeraient et s’éteindraient derrière nous, forêt nombre de fois centenaire, mais elle reste à semer. C’est un chagrin d’avoir, dans sa courte vie, passé à côté du feu avec des mains de pêcheur d’éponges. +Deux étincelles, tes aïeules+, raille l’alto du temps, sans compassion. »
(René Char, « Lettera amorosa » et « Guirlande terrestre »)
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Puis ressusciter dans un torrent bouillonnant de tes couleurs

« Parfois j’imagine qu’il serait bon de se noyer à la surface d’un étang où nulle barque ne s’aventurerait. Ensuite, ressusciter dans le courant d’un vrai torrent où tes couleurs bouillonneraient. »
(René Char, « Lettera amorosa » et « Guirlande terrestre »)
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« Tu es plaisir, corail de spasmes »

« Tu es plaisir, avec chaque vague séparée de ses suivantes. Enfin toutes à la fois chargent. C’est la mer qui se fonde, qui s’invente. Tu es plaisir, corail de spasmes. »
(René Char, « Lettera amorosa » et « Guirlande terrestre »)
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« La chance unique »


« Je ris merveilleusement avec toi. Voilà la chance unique. »
(René Char, « Lettera amorosa » et « Guirlande terrestre »)
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Le rêve d’un monde qui « débuterait avec les intentions »

« Qui n’a pas rêvé, en flânant sur le boulevard des villes, d’un monde qui, au lieu de commencer avec la parole, débuterait avec les intentions ? »
(René Char, « Lettera amorosa » et « Guirlande terrestre »)
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« Souvent je ne parle que pour toi«


« Nos paroles sont lentes à nous parvenir, comme si elles contenaient, séparées, une sève suffisante pour rester closes tout un hiver ; ou mieux, comme si, à chaque extrémité de la silencieuse distance, se mettant en joue, il leur était interdit de s’élancer et de se joindre. Notre voix court de l’un à l’autre ; mais chaque avenue, chaque treille, chaque fourré, la tire à lui, la retient, l’interroge. Tout est prétexte à la ralentir.
Souvent je ne parle que pour toi, afin que la terre m’oublie. »
(René Char, « Lettera amorosa » et « Guirlande terrestre »)
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« Regarder la personne humaine sous l’angle du ciel »

« L’exercice de la vie, quelques combats au dénouement sans solution mais aux motifs valides, m’ont appris à regarder la personne humaine sous l’angle du ciel dont le bleu d’orage lui est le plus favorable. »
(René Char, « Lettera amorosa » et « Guirlande terrestre »)
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« L’égal du soleil comme de la nuit »


« Celui qui veille au sommet du plaisir est l’égal du soleil comme de la nuit. Celui qui veille n’a pas d’ailes, il ne poursuit pas. »
(René Char, « Lettera amorosa » et « Guirlande terrestre »)
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Coumba Sylla
@ Dakar