- Askia Modibo, « Wass Reggae », Syllart / Stern’s Africa, 1996.

Askia Modibo est un musicien et chanteur de reggae malien. A l’état civil, il s’appelle Modibo Koné. Il est né en 1968 à Ké-Macina (région de Ségou, centre du Mali).

Ses ascendants sont des Sonraï (ou Songhay ou Songhaï) originaires du nord du pays. D’où son surnom, Askia faisant référence à la dynastie qui a dirigé l’Empire songhaï (de 1493 à 1591) avec Gao pour capitale.
(Huit Askia, au total, y régnèrent, dont Askia Mohamed – le premier -, Askia Moussa, Askia Alou, Askia Daoud, Askia El Hadj, Askia Issihak. Qui le dit ? Bokar N’Diaye dans « Groupes ethniques au Mali », publié aux Editions populaires, à Bamako, en 1970, dans la collection « Hier ».)

Askia Modibo est le neveu de Tidiani Koné (Tidiane Koné), un des membres fondateurs du Rail Band de Bamako, indique Journal du Mali dans un article publié le 15 août 2018.
Le Rail Band de Bamako – ou Rail Band du Buffet Hôtel de la gare de Bamako – est un orchestre mythique du Mali, qui a vu passer des célébrités comme Salif Keïta et Mory Kanté, entre autres. « La formation voit officiellement le jour au mois d’octobre 1969, sous la houlette du chef d’orchestre, saxophoniste et trompettiste Tidiani Koné », un musicien « remarquable » qui « incarne à lui seul la formidable modernité et adaptabilité de la musique malienne des années » 1960, rapporte l’écrivain et photographe Florent Mazzoleni dans son livre « Musiques modernes et traditionnelles du Mali » (Editions Le Castor Astral, 2011).

De même source, le Rail Band de Bamako « a pour but initial +d’explorer et de diffuser le répertoire mandingue+ » et, « après plusieurs mois de répétition, (il) donne son premier concert au mois de juillet 1970 ».


Pour en revenir à Askia Modibo – parce qu’il s’agit de lui, ici, pas de son talentueux oncle décédé en 2001 -, Journal du Mali rappelle que ses pas l’ont conduit notamment en Côte d’Ivoire. Il y a fait la connaissance d’Alpha Blondy, une des figures du reggae en Afrique, avec qui il a travaillé. En 2002, il s’est installé en France où, selon le chanteur lui-même, il a « suivi des formations d’agent sanitaire, d’agent d’entretien des espaces verts, de moniteur d’agriculture », avant de décider de rentrer au Mali en 2015.

« Wass Reggae » a été produit par Syllart, le label d’Ibrahima Sylla, l’homme à qui « beaucoup d’artistes du continent (…) doivent leur carrière ».

Le CD comprend onze titres et s’ouvre avec « Fouroussiry » [« Furusiri »], qui enregistre la participation de Kassé Mady Diabaté, l’immense Kassé Mady Diabaté décédé en mai 2018.
« Fouroussiry »
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« Ba ni baka »
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« Immigration Zéro »
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L’album comporte aussi un des plus beaux chants, à mes oreilles, à la gloire de l’équipe malienne de football, « Les Aigles du Mali ». Il rend hommage à des légendes qui, ainsi, demeureront longtemps dans les mémoires des mélomanes – des mélo-Mali-manes d’une certaine époque, au moins : Salif Keïta « Domingo », Bakoroba Touré [ou Bassidiki Touré ou Bako Touré ou « L’Homme noir », père de l’international français José Touré], Sadia Cissé, Drissa [Idrissa Traoré] « Poker », Mamadou Keïta « Capi », Kokè Dembélé, Karamoko Keïta, [Yacouba Traoré] « Yaba »…
Je ne suis pas footeuse mais, grâce à la musique, je peux vous citer au moins quelques co-équipiers de l’Eléphant Gadji Celi Saint-Joseph de 1988, du Lion indomptable Roger Milla de 1994 ou encore du Lion Habib Bèye de 2002. Au-delà, je serais bien capable d’imaginer que Carlos Valderrama et Fabien Barthez ont la même coiffure, que Zlatan Ibrahimovic est un international nigérian ou que Didier Ovono a été le capitaine des Bafana Bafana…
« Les Aigles du Mali »
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Les connaisseurs, vous croyiez que j’avais omis le tableau patisakanesque [pour les non-bambaraphones, entendez : inextricable] de ce qui se passait à l’époque sur les routes de la capitale malienne et qui semble une pâle préfiguration de la fresque d’aujourd’hui ? Ayi dɛ, a filɛ ! (Oh que non, le voici !)
« Circulation de Bamako »
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La chaîne YouTube de Syllart, d’où proviennent les extraits vidéo d’audio intégrées plus haut, a fait une playlist de l’album complet. A écouter ici.

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Coumba Sylla
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Au-delà de cet album…
◊ Compte Facebook d’Askia Modibo.
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Askia Modibo, « Faut pas tirer »
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Askia Modibo, « Faso Mali »
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C.S.
Un commentaire sur “Musique du samedi 8 septembre 2018 : Askia Modibo”