DAKAR – Nous sommes toujours en quête de quelque chose, vous l’avez remarqué ?
Nous cherchons du travail, à manger, de l’argent, une famille, l’âme soeur, la sécurité, la paix, la quiétude, la célébrité, un autographe de/un autoportrait avec une vedette adulée, le bonheur perdu ou rêvé, soi… Bon, d’accord, la quête de soi, pour certains, c’est une fois qu’un ou plusieurs de ces obje(c)t(if)s semblent atteints qu’ils y pensent. « Ceux qui se cherchent », ce sont aussi, comme dit la boutade, des « chercheurs ». Entre ceux-ci, ceux qui cherchent quelqu’un et/ou quelque chose, cela en fait, du chercheur – plus de sept milliards !
Il m’arrive de temps en temps de chercher à en savoir plus sur un mot avec lequel je pense m’être familiarisée en raison d’un usage courant, en regrettant ces humanités que je n’ai pas faites, comme disait un de mes professeurs, aujourd’hui décédé. C’est vrai, je n’ai pas fait d’études de grec et de latin. Mais les dictionnaires sont faits pour être consultés. Alors, je prends un dictionnaire, regarde les différents sens du mot, l’étymologie si elle y est (et y est détaillée). J’y erre d’un mot à l’autre.
Errer. « Aller de côté et d’autre », « s’égarer, flotter çà et là », ne pas se fixer, vagabonder, « porter ses pas à l’aventure », mais aussi (eh oui), « se tromper, avoir une opinion fausse », « se tromper dans quelque doctrine ». C’est ce qu’en dit le Littré, avertissant au passage de ne « pas confondre ce verbe avec un autre errer, qui se trouve dans l’ancien français et qui signifie aller, voyager, cheminer ».
Longtemps, j’ai voulu errer, sans prendre le temps pour.
– Quoi ? Errer, à l’heure du GPS, de Google Maps, des images par satellite, de l’impression 3D, à l’ère de l’hyperconnexion ?
– Quoi ?! Errer alors qu’il faut aller vite, peu importe où, mais vite ?
– Quoi ?!? Errer alors que le temps est de l’argent, des actions, voire du bitcoin ?
– Quoi ?!?! Errer, avec toutes ces attaques terroristes et menaces d’attentat à ne plus savoir où mettre le pied ?
(Ah, le monde dans lequel nous vivons, hein : où l’argent fait la loi et où l’enfer est devenu le passage obligé pour atteindre le paradis ! « Un monde sauvage, sauvage », comme disent ces jeunes dans cette chanson qui, en dépit d’un tableau apocalyptique, est pleine d’espoir. ↓)
What a wild, wild, world we live in,
Where money talks and trouble sells,
Where if we strive to find the heavens,
Then we got to walk through hell.
Set It Off, « Wild Wild World »
– Errer, avec tout ça ? Non mais… non mais… ça va un peu, ho ?
Hmm, ça va « un peu, un peu ho », merci de vous inquiéter.
Oui, je veux errer ici.
Comme sortir un peu du chemin, pour reprendre son souffle et repartir. Faire des pauses et se promener, mots en tête. Pérégriner dans un « jardin éclectique », comme le fait certains matins Dior, un des personnages imaginés par Ken Bugul dans Mes hommes à moi (Editions Présence Africaine, 2008).

(Ken Bugul, quelle plume ! Quelle femme !)
J’ai envie d’errer. Dans les mots. Avec des lectures, des musiques, des images, des dessins/sons, des films, le verbe, des auteurs, des inconnus… De l’humeur. Du ressenti et des interrogations, aussi. Sans format, sans case (je me sens à l’étroit, dans les boîtes….). Des chemins à arpenter, il y en a tant…
Chacun sa route,
Chacun son chemin,
Chacun son rêve,
Chacun son destin.
Dites-leur que :
Chacun sa route,
Chacun son chemin
Passe le message à ton voisin.
Tonton David, « Chacun sa route »
Bref, « je décide que le titre définitif et complet de mon blablabla est »…
– Allah n’est pas obligé d’être juste dans toutes Ses choses ici-bas !
– C’est Birahima dans Allah n’est pas obligé d’Ahmadou Kourouma (Editions du Seuil, 2000) !
Effectivement. Mais ici, c’est un dépôt de bouts d’idées, billets sans bride. Des tranches de vie sur des lits de mots (ou peut-être des tranches de mots dans le lit de la vie ?).
Ici commencent mes errances. Et je ne me sens obligée d’être sérieuse et grave dans toutes les choses ici dites (cependant, cela pourra m’arriver, d’être sérieuse et grave, sans crier gare).
Coumba Sylla
Coumba!
Je te souhaite plein de va et vient…
Les choses à voir, à decouvrir ne manquent pas… à l’image de Jean Gabin qui apres 60 ans de certitudes finit pas avouer que tout ce qu’il sait c’est qu’on ne sait jamais.
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Merci, Grand David !
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