Lecture du vendredi 8 novembre 2019 : Jack London

(Billet rattrapé.)

Traduction (et biographie de Jack London dans le livre) : Moea Durieux. Préface : Francis Combes.

Texte écrit par Jack London en 1905.

(Photo : Coumba Sylla)
(Photo : Coumba Sylla)
(Photo : Coumba Sylla)
(Photo : Coumba Sylla)

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Extraits

Jack London,  tempérament de lutteur

(Photo : Coumba Sylla)
(Photo : Coumba Sylla)

« Dans cette +confession d’un enfant du siècle+, Jack London ne s’apitoie pas sur son sort ; il ne se cherche pas des circonstances atténuantes et ne se plaint pas d’être mal né, en un temps et un lieu qui auraient été mal choisis par le destin.

Son tempérament n’est pas celui d’un rêveur passif, enclin à la contemplation et au spleen, mais celui d’un lutteur, voire d’un bagarreur. »

(Francis Combes, préface de « Ce que la vie signifie pour moi », de Jack London)

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Le poids des idéaux

(Photo : Coumba Sylla)
(Photo : Coumba Sylla)

« … ce n’est pas particulièrement facile pour quelqu’un de s’élever hors de la classe ouvrière, surtout s’il est handicapé des idéaux et des illusions. »

(Jack London, « Ce que la vie signifie pour moi »)

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« Tout était marchandise »

(Photo : Coumba Sylla)
(Photo : Coumba Sylla)

« La vie était affaire de nourriture et d’abri. Pour trouver nourriture et abri, les hommes vendaient des choses. Le marchand de chaussures vendait des chaussures, le politicien vendait son expérience, le représentant du peuple, à quelques exceptions près bien sûr, vendait la confiance qu’on lui portait; presque tous vendaient leur honneur. Pareil pour les femmes qui, sur le trottoir comme dans les liens sacrés du mariage, avaient tendance à vendre leur chair. Tout était marchandise. Tout le monde achetait et vendait. La seule marchandise que le travailleur avait à vendre était ses muscles. L’honneur du travailleur n’était pas coté sur le marché du travail. Le travailleur avait du muscle à vendre, rien que des muscles. »

(Jack London, « Ce que la vie signifie pour moi »)

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« Devenir marchand de cerveau »

« Je découvris ensuite que le cerveau était une marchandise comme les autres. Mais lui aussi était différent du muscle. (…) J’avais été dans la cave de la société et je n’aimais pas y habiter. Les tuyaux, les canalisations y étaient en mauvais état, et malsain l’air qu’on y respirait. Si je ne pouvais pas vivre à l’étage noble de la société, je pouvais au moins faire un essai au grenier. Là, il est vrai, c’était la portion congrue, mais au moins l’air était pur. Je décidai donc de ne plus vendre de muscles et de devenir marchand de cerveau. »

(Jack London, « Ce que la vie signifie pour moi »)

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« Socialiste et révolutionnaire »

(Photo : Coumba Sylla)
(Photo : Coumba Sylla)

« Avant ma naissance, d’autres esprits plus grands que le mien avaient découvert tout ce que j’avais pensé, et bien plus encore. Je compris que j’étais socialiste.

Les socialistes étaient révolutionnaires : ils luttaient pour renverser la société d’aujourd’hui afin de construire sur ces ruines la société de demain. Moi aussi, j’étais socialiste et révolutionnaire. Je rejoignis les groupes d’ouvrier et d’intellectuels révolutionnaires, et entrai pour la première fois dans la vie intellectuelle. Là, je rencontrai des intelligences percutantes et des esprits brillants (…).

(Photo : Coumba Sylla)
(Photo : Coumba Sylla)

Là, je trouvai aussi une foi absolue dans l’humain, un idéalisme rayonnant, les douceurs de la générosité, du renoncement et du martyre – tout ce qu’il y a de splendide et de stimulant pour l’esprit. Là, la vie était propre, noble et animée. Là, la vie se réhabilitait, devenait merveilleuse et glorieuse ; et j’étais heureux d’être vivant. J’étais en contact avec des âmes nobles qui plaçaient la chair et l’esprit bien au-dessus des dollars et des cents, et pour qui le gémissement ténu d’un enfant affamé des bas quartiers avait plus d’importance que tout le faste et l’ambition de l’expansion commerciale et de la suprématie mondiale. »

(Jack London, « Ce que la vie signifie pour moi »)

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« Foi en la noblesse et l’excellence de l’être humain »

« Comme marchand de cerveau, j’eus pas mal de succès. La société m’ouvrit ses portes. J’entrais directement à l’étage des salons, et mes désillusions gagnèrent rapidement du terrain. (…)

Je découvris que je n’aimais pas vivre à l’étage du salon de la société. Intellectuellement, je m’y ennuyais. Moralement et spirituellement, cela me rendait malade. (…) »

(Photo : Coumba Sylla)
(Photo : Coumba Sylla)

« Ainsi, je suis retourné à la classe ouvrière dans laquelle je suis né et à laquelle j’appartiens. Je n’ai plus envie de monter. L’imposant édifice de la société qui se dresse au-dessus de ma tête ne recèle plus aucun délice à mes yeux. Ce sont les fondations de l’édifice qui m’intéressent. Là, je suis content de travailler, la barre à mine à la main, épaule contre épaule avec les intellectuels, les idéalistes et les ouvriers qui ont une conscience de classe – et nous donnons de temps en temps un bon coup de cette barre à mine pour ébranler tout l’édifice. Un jour, lorsque nous aurons un peu plus de bras et de barres à mine, nous le renverserons, lui et toute sa pourriture et ses morts non enterrés, son monstrueux égoïsme et son matérialisme abruti. Puis nous nettoierons la cave et construirons une nouvelle habitation pour l’humanité. Là, il n’y aura pas de salon, toutes les pièces seront lumineuses et aérées, et l’air qu’on y respirera sera propre, noble et vivant.

Telle est ma vision. J’aspire à un temps où l’homme aura une perspective plus haute et plus vaste que son ventre. Un temps où l’homme sera poussé par un stimulant plus intéressant que le stimulant d’aujourd’hui, qui est celui de son ventre. Je conserve ma foi en la noblesse et l’excellence de l’être humain. Je crois que la douceur spirituelle et la générosité finiront par avoir raison de la grossière gloutonnerie actuelle. Et, pour conclure, ma foi va à la classe ouvrière. Comme le disait un Français : +L’escalier du temps résonne à jamais du bruit des sabots qui montent et de celui des souliers cirés qui descendent+. »

(Jack London, « Ce que la vie signifie pour moi »)

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Coumba Sylla

@ Dakar

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