Lecture du vendredi 22 février 2019 : Véronique Olmi

(Photo : Coumba Sylla)
(Photo : Coumba Sylla)
(Photo : Coumba Sylla)
(Photo : Coumba Sylla)

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Extraits

(Photo : Coumba Sylla)
(Photo : Coumba Sylla)

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L’heure « sur l’ombre projetée des arbres »

(Photo : Coumba Sylla)
(Photo : Coumba Sylla)

« Elle est née en 1869. Peut-être un peu avant. Ou un peu après, elle ne sait pas. Pour elle, le temps n’a pas de nom, elle n’aime pas écrire les chiffres, elle ne lit pas l’heure sur les horloges, seulement sur l’ombre projetée des arbres. Ceux qui lui ont demandé de raconter DEPUIS LE DEBUT ont calculé son âge en fonction des guerres du Soudan, cette violence qu’elle retrouvera ailleurs, puisque le monde est partout le même, né du chaos et de l’explosion, il avance en s’effondrant. »

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« Réparatrice de malheur »

(Photo : Coumba Sylla)
(Photo : Coumba Sylla)

« Les deux années qui ont suivi la razzia, elle pensait qu’elle se marierait, elle aurait des enfants et elle remplirait le grand vide laissé par la sœur aînée. Elle réparerait le malheur. C’est cela qu’elle ferait. Réparatrice de malheur. Pour que sa mère cesse d’être cette femme qui tombe, cette femme aux aguets qui ordonne dix fois par jour de ne pas s’éloigner, de ne jamais suivre les gens qui ne sont pas du village, même les femmes, même les adolescents, c’est une litanie qu’elle n’entend plus, c’est le chant nouveau de la mère. »

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Pourvu « que le malheur reste acceptable »

(Photo : Coumba Sylla)
(Photo : Coumba Sylla)

« La nuit est arrivée, et après… Après, elle ne l’a jamais raconté. Comme si elle ne s’en était jamais souvenue. COMME SI CA N’ETAIT JAMAIS ARRIVE. Ca n’est pas une histoire merveilleuse. STORIA MERAVIGLIOSA. Pour qu’une histoire soit merveilleuse, il faut que le début soit terrible, bien sûr, mais que le malheur reste acceptable et que personne n’en sorte sali, ni celle qui raconte, ni ceux qui écoutent. »

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« Elle a laissé son prénom sous le bananier »

(Photo : Coumba Sylla)
(Photo : Coumba Sylla)

« Les ravisseurs ouvrent une porte. Ils la jettent. Elle tombe. Sur une terre dure et gelée. Ils referment la porte avec le grand verrou. Elle est terrorisée, et le mot MAMAN est tout ce dont elle se souvient, la seule chose qui existe vraiment. Ce mot habite sa tête, sa poitrine, tout son corps. Il se mélange à la douleur, à la grande peur de ce qu’on lui a fait, de ce qu’elle ne comprend pas, il est le seul nom qui lui reste. Un autre lui manque : le sien. La première nuit, les deux hommes lui ont demandé comment elle s’appelait. Elle avait trop peur pour les regarder. Les yeux baissés, elle voyait le poignard. Brillant et froid. Comment elle s’appelle. Comment l’appelait sa maman. Comment elle s’appelle. Comment l’appelait son père quand il parlait à la lune. L’un des hommes a posé ses mains sur ses jambes maigres, blessées par les épines d’acacia tout le long de la marche. Comment elle s’appelle. Elle a laissé son prénom près de la rivière. Elle a laissé son prénom sous le bananier. Il disait comment elle était venue au monde. Mais elle ne sait plus comment elle est venue au monde. Elle pleure de panique. Seul le prénom de sa mère demeure. Il est partout. Et il ne sert à rien. »

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A toutes fins utiles, sur le site de l’éditeur :

extrait du livre ;

√ vidéo  de présentation du livre par l’auteure.

« Bakhita », y dit Véronique Olmi, « c’est l’histoire d’une force intérieure. Je pense que c’est doublé d’une profonde et grande intelligence. Et elle a toujours eu cette sensation (…) que la vie est un cadeau, qu’il faut la protéger. »

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(Photo : Coumba Sylla)
(Photo : Coumba Sylla)

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(🙏 @ Kiné Fatim.)

Coumba Sylla

@ Dakar

 

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