Lectures du vendredi 16 novembre 2018 : Mark Twain, Myriam Warner-Vieyra

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(Photo : Coumba Sylla)

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(Photo : Coumba Sylla)
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(Photo : Coumba Sylla)

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Mme Warner-Vieyra est l’épouse du cinéaste sénégalais d’origine béninoise Paulin Soumanou Vieyra, un des pionniers du septième art africain (« Afrique-sur-Seine » notamment). Elle est décédée en décembre 2017 à Tours, en France, et a été inhumée en janvier 2018 à Dakar, au Sénégal.

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(Photo : Coumba Sylla)
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(Photo : Coumba Sylla)

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EXTRAITS

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(Photo : Coumba Sylla)

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Grand maître de l’ironie

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(Photo : Coumba Sylla)

« Mark Twain manie l’ironie comme un escrimeur son épée : de façon si rapide et inattendue que nous en restons éblouis, stupéfiés par les mouvements de la lame. (…)

Twain n’épargne personne : ni les religieux, ni les scientifiques, ni même les Français (qu’il connaissait bien pour avoir séjourné plusieurs années en France). Quand il fustige l’espèce humaine pour son amour de l’injustice, sa préférence pérenne pour la bêtise, ses prétentions, sa suffisance ou son anthropocentrisme presque touchant de naïveté, son message est terriblement sérieux, et donc blessant pour nous nous… mais ses formulations désopilantes nous réjouissent le coeur ! »

(Nancy Huston, préface à « Cette maudite race humaine » de Mark Twain)

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Si le monde était vieux comme la tour Eiffel…

« Il semblerait que je sois le dernier scientifique et théologien à n’avoir pas été entendu sur ce sujet important, à savoir si le monde a été fait pour l’homme ou non. Je sens qu’il est temps pour moi de parler.

(…)

Si la tour Eiffel représentait l’âge du monde, la couche de peinture sur le mamelon du sommet représenterait la part de l’homme à l’échelle de cet âge et n’importe qui verrait que cette couche était ce pour quoi la tour a été construite. J’imagine, chais pas. »

(Mark Twain, « Le monde a-t-il été fait pour l’homme ? » dans « Cette maudite race humaine »)

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« Comment ça ? »

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(Photo : Coumba Sylla)

« Ce qui a attiré mon attention sur ce livre [note : « La Terre » d’Emile Zola] est l’affirmation plutôt douteuse d’un compte rendu critique selon laquelle la parution en feuilleton dans un journal français avait dû être interrompue parce que le récit était tellement ignoble que les Français ne le supportaient pas. Une histoire tellement ignoble que les Français ne la supporteraient pas : comment ça ? C’est comme parler d’une nourriture qui serait tellement appétissante qu’aucun Français ne pourrait la tolérer. »

(Mark Twain, « +La Terre+ de Zola » dans « Cette maudite race humaine »)

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L’homme comme « une pauvre chose un peu bancale »

« J’ai étudié les traits caractéristiques des animaux prétendument +inférieurs+ et je les ai comparés à ceux de l’homme. Le résultat est pour moi humiliant. Car il m’oblige à renoncer à mon allégeance à la théorie darwinienne qui soutient l’ASCENDANT de l’homme sur les animaux inférieurs ; en effet, il me paraît désormais évident que l’on doit abandonner cette théorie en faveur d’une nouvelle, plus vraie ; laquelle devrait être appelée la DESCENDANCE de l’homme des animaux supérieurs.

(…)

L’homme semble n’être qu’une pauvre chose un peu bancale, par quelque bout que vous le preniez ; une sorte de British Museum des tares et des infirmités. Il est toujours en réparation. Une machine qui serait aussi peu fiable que lui n’aurait pas sa place sur le marché. »

(Mark Twain, « L’animal inférieur » dans « Cette maudite race humaine »)

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(Photo : Coumba Sylla)

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Déménager, l’occasion de revisiter ses souvenirs

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(Photo : Coumba Sylla)

« Un déménagement vaut un incendie, dit-on. Ce n’est pas tout à fait exact. Après l’un, on élague, avec la possibilité de faire un choix et de découvrir des objets longtemps oubliés, qui peuvent se révéler d’un intérêt beaucoup plus considérable qu’on ne l’avait jugé des années plus tôt. Après l’autre, ce qui reste dans la cendre n’est presque jamais utilisable. »

(Myriam Warner-Vieyra, « Juletane »)

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Folie ou sagesse ?

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(Photo : Coumba Sylla)

« Ici, on m’appelle +la folle+, cela n’a rien d’original. Que savent-ils de la folie ? Et si les fous n’étaient pas fous ! Si un certain comportement, que les gens simples et vulgaires nomment folie, n’était que sagesse, reflet de l’hypersensibilité lucide d’une âme pure, droite, précipitée dans un vide affectif réel ou imaginaire ?

Pour moi, je suis la personne la plus clairvoyante de la maison. »

(Myriam Warner-Vieyra, « Juletane »)

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Ah, la musique !

« Marraine disait que ce qu’il y avait de plus beau au monde, c’était la musique. C’est la seule chose qui peut élever l’âme jusqu’aux cimes inviolées du vrai bonheur d’être. »

(Myriam Warner-Vieyra, « Juletane »)

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« Laisse-moi faire mon expérience du mariage »

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(Photo : Coumba Sylla)

« Si jamais un jour je devais connaître les problèmes que tu viens d’évoquer, je ne manquerais pas de venir pleurer dans tes bras. Aujourd’hui, tu es divorcé, laisse-moi faire mon expérience du mariage… »

(Myriam Warner-Vieyra, « Juletane »)

Coumba Sylla

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A toutes fins utiles…

* Sur Mark Twain

« C’est Mark Twain qu’il ressuscite », par Grégoire Leménager : entretien avec Bernard Hoepffner, traducteur de Mark Twain, Le Nouvel Observateur, mis en ligne le 10 avril 2012. « Version intégrale de l’entretien publié dans Le Nouvel Observateur du 18 septembre 2008 », selon le site. (Hoepffner a été porté disparu le 7 mai 2017, son décès a été « acté » quelques semaines plus tard, fin mai.)

« Ah ! Il faut lire son autobiographie. Ne serait-ce que pour cette histoire terrible : son frère jumeau s’est noyé quand il avait 4 ou 5 ans ; Twain note qu’il n’a jamais su lequel d’eux deux était mort…
On y comprend aussi que son expérience de pilote sur le Mississipi ne lui pas seulement inspiré son nom (+Mark Twain+ signifie +deux brasses+, ce que l’on criait au pilote au moment où il approchait de la berge), mais aussi plusieurs passages qui, dans +Huck+ notamment, décrivent le fleuve. »

A propos de l’origine du pseudonyme Mark Twain, la théorie de Kevin Mac Donnell – libraire américain, collectionneur et réputé parmi les « marktwainistes » – rapportée par le Hartford Courant, le journal de l’Etat du Connecticut (en anglais) : « A New Theory On How Samuel L. Clemens Got The Name Mark Twain, » by Steve Courtney, The Hartford Courant, Januray 27, 2014.

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* Sur Myriam Warner-Vieyra et son oeuvre

Voir notamment :

◊ la page que lui consacre le site dédié à la vie et aux oeuvres de Paulin Soumanou Vieyra, PSV-Films ;

◊ le compte rendu de lecture de « Juletane » par Jean-Marie Volet sur le site « Lire les femmes écrivains et les littératures africaines » ;

◊ « L’espace d’un rêve », texte daté de novembre 1995 qu’elle a écrit pour son époux, décédé en novembre 1987 à Paris (il a été inhumé à Dakar). Un enregistrement audio de ce texte lu par Myriam Warner-Vieyra elle-même figure sur Ile en île, un site « sans but lucratif destiné à offrir une riche documentation des îles francophones et à valoriser les ressources informatives et non commerciales sur le monde insulaire » d’après ses promoteurs.

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(Photo : Coumba Sylla)

C.S.

 

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