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- « Quand la douleur se fait mots » d’Inna Hampâté Bâ, Editions CEDA / NEI, 2007.


Inna Hampâté Bâ est la fille de l’écrivain malien Amadou Hampâté Bâ.

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Adame Bâ Konaré, historienne et écrivaine, est une ancienne Première dame.
Elle est l’épouse d’Alpha Oumar Konaré, qui a dirigé de 1992 à 2002, puis présidé la Commission de l’Union africaine de 2003 à 2008. « Parfums du Mali » a été publié alors que M. Konaré était encore au pouvoir.

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Extraits


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« Le sens du non-sens infernal »

« L’Afrique est vraiment dans un sens insensé,
Un sens en sang,
Le sens du non-sens infernal ;
Du futile et de la régression
Qui paralyse les cœurs et tarit les âmes. »
(Inna Hampâté Bâ, « Pauvre Afrique » dans « Quand la douleur se fait mots »)
A toutes fins utiles…
Au sujet de ce poème, extrait d’un entretien accordé par Inna Hampâté Bâ à Isaïe Biton Koulibaly, publié par Amina en août 2007 :
« Pauvre Afrique » ! Vous la croyez vraiment pauvre ?
Non, elle est riche potentiellement. Mais qu’est donc l’or si tu ne réalises pas que c’est de l’or ? Mon père aimait à dire que l’esprit et l’humanité sont le propre de l’homme, sa richesse. L’Afrique qui refuse de penser pour ressortir ce qu’elle a en propre, l’Afrique qui refuse de travailler pour réaliser son indépendance matérielle et spirituelle, cette Afrique-là est pauvre. L’Afrique qui recherche l’argent pour l’argent sans se soucier du bien-être de sa communauté, cette Afrique-là est pauvre. L’Afrique qui laisse sa jeunesse vigoureuse sans héritage culturel ni éducation, cette Afrique-là est pauvre. Sans travail, sans effort, nous resterons à la traîne.
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Pourquoi ces pleurs et tremblements ?

« Pourquoi pleure-t-il alors qu’à côté tout n’est que gaîté ?
Pourquoi tremble-t-il pendant que d’autres jouent et chantent ?
Oh ! Oui ! Tu es responsable.
Oui, tu es coupable. »
(Inna Hampâté Bâ, « La faim » dans « Quand la douleur se fait mots »)
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Impuissance humaine

« Rien ne peut ouvrir les issues de secours
Que Dieu maintient fermées
Ni tendresse maternelle,
Ni attention fraternelle,
Ni exigence paternelle.
Il est vraiment Seul Maître. »
(Inna Hampâté Bâ, « Seul Maître » dans « Quand la douleur se fait mots »)
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« Les attributs de la mort »

« Pas assez de mots complices,
De moments intimes,
D’affections exprimées,
De reproches faibles.
(…)
Oui, les regrets sont vraiment
Les attributs de la mort.
La mort, n’est-ce pas la faiblesse ? »
(Inna Hampâté Bâ, « Sans regrets » dans « Quand la douleur se fait mots »)
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« Souvenir impérissable »

« Ma mémoire olfactive remonte à la période de mon enfance où, petite fille, je voyais ma mère préparer le wusulan. Ce souvenir impérissable, l’un de ceux que je garde le plus d’elle – car elle fut prématurément arrachée à mon affection – crée en moi une sensation indescriptible ; comme un besoin de palper l’impalpable. (…)
Le wusulan embaume mon coeur… »
(Adame Ba Konaré, « Parfums du Mali – Dans le sillage du wusulan »)
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Fumigation

« En langue bambara, le mot wusulan résulte de WUSU, qui signifie fumiger, boucaner, faire mijoter à la vapeur, barder, chauffer, parfumer, et de LAN, suffixe dérivatif à valeur instrumentale. A l’origine, on peut supposer que toute matière première destinée à exhaler de la vapeur (décoction de feuilles, de plantes) ou de la fumée (écorces, racines brûlées) s’appelait wusulan, c’est-à-dire +le produit avec lequel on s’imprègne le corps par fumigation+.
Aujourd’hui, le terme wusulan est employé pour toute substance qu’on brûle pour son parfum. Ce concept est préférable à celui d’encens, usuellement consacré, parce qu’il est plus proche du mot parfum. En effet, parfum provient des mots latins +PER FUMUM+, qui signifient +à travers la fumée+ (…). »
(Adame Ba Konaré, « Parfums du Mali – Dans le sillage du wusulan »)
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Noms locaux
« Wusulan », « bukhur », « libkor » ou « thiuraye ».

« Gongodili », « babi », « kamaré », « subu » ou vétiver.

(Adame Ba Konaré, « Parfums du Mali – Dans le sillage du wusulan »)
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Chaque wusulan est unique

« La préparation du wusulan résulte d’un véritable savoir-faire dans le mélange des matières premières et de parfums. Néanmoins, le tâtonnement reste encore la règle et donne un cachet personnalisé à chaque composition. »

« (…) Dans l’imaginaire collectif, on a +la main au wusulan+ comme on a la main en cuisine. Le même wusulan préparé par deux femmes différentes n’aura pas la même senteur. (…) Chaque composition de wusulan est unique. »
(Adame Ba Konaré, « Parfums du Mali – Dans le sillage du wusulan »)
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(🙏 @ Abdoulaye Douc’.)
Coumba Sylla
@ Dakar
Un commentaire sur “Lectures du vendredi 18 janvier 2019 : Inna Hampâté Bâ, Adame Ba Konaré”