Lectures du vendredi 22 janvier 2021 : Felwine Sarr, Anne-Marie Gey

(Photo : Coumba Sylla)
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(Photo : Coumba Sylla)
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(Ce vendredi, comme presque chaque jour de la semaine…) « L’heure des câlins », par Sejung Kim (dessins), Editions Hachette Livre / Deux Coqs d’Or, réimpression de 2016.
Version d’origine : Editions Hachette Livre / Deux Coqs d’Or, 2014.

(Photo : Coumba Sylla)
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Extraits

(Photo : Coumba Sylla)
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Solitaire

« Je suis un homme qui, avec l’âge, s’enfonce dans la solitude. C’est le prix de la désa-dhérence et de la fécondité. »

(Felwine Sarr, « Mawanda Road » dans « La saveur des derniers mètres »)

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« … que la laideur n’empêcherait pas la beauté de se dire« 

« Je m’arrête devant une pâtisserie, happé par la voix d’une chanteuse de fado qui s’échappe d’un haut-parleur. La musique me fixe sur le bitume. Je l’écoute. Elle dissout l’atmosphère maussade de cette rue. Sa poésie transforme l’instant vécu. Je pense à mon père qui, au Darfour, en pleine crise, alors que les armes à feu crépitaient, s’était arrêté pour finir d’écouter dans sa tente Sirata d’Habib Koité, avant d’aller intervenir avec ses Casques bleus pour arrêter les combats entre deux factions. Il avait décidé, ce jour-là, que la laideur n’empêcherait pas la beauté de se dire. »

(Felwine Sarr, « Lisboa » dans « La saveur des derniers mètres »)

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Veiller à « distribuer son attention« 

« Judith Butler est la grande philosophe spécialiste du genre, connue et respectée dans le monde entier. Elle a l’élégance des chefs qui savent se mettre en retrait. Dans les réunions de travail, elle écoute beaucoup et n’intervient qu’à des moments cruciaux pour refixer le cap. Une démonstration soignée qui évite l’argument d’autorité et qui rééquilibre les choses. Durant les repas, elle est serviable, aux petits soins avec tous. Beaucoup de gens veulent lui parler, mais elle sait distribuer son attention. A chacun, elle réservera un moment de conversation. Voici une des choses que j’ai aussi dû apprendre ces derniers mois : être beaucoup sollicité après une rencontre et rester attentif aux personnes ; veiller à la réciprocité dans le rapport. Venir à elles, comme elles viennent à toi autant que possible. Ne pas prendre sans donner en retour. Parfois, hélas, l’on doit se résoudre à l’asymétrie. Mais y veiller. »

(Felwine Sarr, « Mexico, Cuernavaca, Tepoztlan » dans « La saveur des derniers mètres »)

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Douce saveur du foyer retrouvé

« Les derniers mètres de la course ont une saveur : celle de la fin prochaine de l’effort, de la victoire sur soi, du second souffle trouvé qui vous donne le sentiment que vous pouvez encore courir ainsi des heures sans vous arrêter. Qu’enfin, l’énergie cosmique, le tao, circule en flux continu à travers votre corps, que vous êtes connecté au Tout et que vous êtes un véhicule du souffle du monde, que votre corps fait circuler sans pertes. Les derniers mètres qui me séparent de la maison ont aussi la saveur du retour. Celle que désire la nostalgie. Une saveur particulière. Celle que je goûte en rentrant d’un long voyage et en anticipant la chaleur de mon foyer, l’accueil enthousiaste de Gnilane du haut de ses dix-sept ans bien sonnés, l’odeur du café qui coulera, le sourire radieux de mes livres qui ont trop longtemps attendu que je les caresse et que je les effeuille. La musique de Wasis Diop, de Richard Bona, de Robert Nesta ou de Miles qui se distillera dans la pièce. (…) Ce moment où je m’affale sur le lit, dans la pénombre, enfin arrivé chez moi. Les talons constellés des poussières du monde, en attendant le jour où je reprendrai le voyage, cette fois-ci pour le cosmos. »

(Felwine Sarr, « Liberté II » dans « La saveur des derniers mètres »)

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(Photo : Coumba Sylla)
(Photo : Coumba Sylla)

De Kati à Kita

« Sur la piste de Kati

de Kati à Kita

Kati Kita par-ci

Kita Kati par-là

Un petit okapi

Trottine sans répit

Coiffé d’un vieux képi

Cartable sous le bras

Lunettes de Kadi

Grand boubou chocolat

Comme il fait chaud par-ci

Comme il fait chaud par-là

Le petit okapi

S’arrête à Négala

La forêt est jolie

Faisons la pause là

(…) »

Laureine Valtis, « Chante-Sahel », Editions du Silex, A.C.C.T., 1982

(cité par Anne-Marie Gey, « Anthologie de la poésie négro-africaine pour la jeunesse »)

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Ecole

« Sous un ciel sans rides,

Près d’un bouquet de palmiers

Où s’amuse la brise,

Il est une maison grise,

Aux ardoises roses.

Jolie, jolie, c’est l’école

Où l’on apprend à être homme,

A servir sa terre,

De tous à être le frère.

On y enseigne que la terre tourne,

Que l et i font li comme dans Libreville,

Que la chenille devient papillon

Et (que) la chauve-souris n’est pas un oiseau. »

Mbaye Gana Kébé, « Colombo », Les Nouvelles Editions Africaines

(cité par Anne-Marie Gey, « Anthologie de la poésie négro-africaine pour la jeunesse »)

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Fête des mères

« L’azur de mai est semé de diamants.

Dimanche, pour habiller ma maman,

Je veux pour son épaule une aune de ce voile

Et pour sa boutonnière une rose d’étoiles. »

Jean-François Brierre, « Images d’argile et d’or », Les Nouvelles Editions Africaines, 1977

(cité par Anne-Marie Gey, « Anthologie de la poésie négro-africaine pour la jeunesse »)

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Coumba Sylla

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