DAKAR – C’est la saison des voeux, n’est-ce pas ?
Alors, à chacune, chacun et tous, je souhaite un très joyeux Noël 2018
et
une très belle année 2019 !

(Murmures de surprise.)
– C’est du rapide, cette fois.
– C’est assez inhabituel, en effet, d’avoir les voeux aussi vite avec elle.
– Elle a peut-être pensé cette fois à ceux qui n’ont pas que ça à faire, lire.
– Vous croyez que, depuis la dernière fois, elle n’a rien trouvé à piocher dans un livre, un film ou une chanson ?
– Tant qu’il n’y a pas « A la prochaine ! » ou « Au revoir », moi, je m’attends à une suite.

A vrai dire, jusqu’à ce que je commence à rédiger ce texte, j’ignorais quelle oeuvre j’allais évoquer. Et puis j’ai repensé à une petite vidéo drôle reçue il y a quelques semaines d’une de mes soeurs, qui nous fait rire encore aujourd’hui. Elle met en scène deux personnages, dont un Dogon.
Les Dogons sont une ethnie du Mali. Certains d’entre eux semblent avoir le don, disons-le ainsi, d’intervertir les F et les P : ils n’ont pas de problème à prononcer l’une et l’autre lettres, mais elles ne sont jamais à leur place. C’est la permutation permanente. Exemples ? Papa devient « Fafa » ; Faty, « Paty » et pile, « file ». Imaginez la tête d’un boutiquier de quartier auquel un client – qu’il ignore être dogon – réclame des « files » pour sa radio…
Précisions :
- Pour les Dogons qui, à ce stade, s’apprêteraient à monter sur leurs grands chevaux, laissez donc vos équidés au repos. Je suis votre « presque-cousine à plaisanterie » par ma mère, une Toucouleure. (Mariamɔ, e kana poyi poyi pɔ !*) Et permettez que je ne me gêne point, en tant que soninké, puisque les Soninko semblent être ceux sur qui tout le monde aime « taper », cousins ou pas cousins.
- Pour ceux qui sont perdus depuis le 1. : au Mali, au Sénégal et dans quelques pays d’Afrique de l’Ouest, nous avons un système de régulation sociale, « la parenté à plaisanterie » ou « le cousinage à plaisanterie » (sinankunya ou sanankunya), qui nous permet de nous égratigner sans que cela prête à conséquence. Il y a une abondante littérature en ligne sur le sujet.)

(Re-murmures.)
– Eh bien, la voilà repartie.
– Où ça ?
– Tirer par les cheveux le rapport avec les fêtes !
– J’espère pour nous qu’il n’est pas chauve, ce rapport…
– Si c’est le cas, comme dit l’autre, « ça craint ».

Mais non. Je vous propose de remplacer des lettres par d’autres – pas les F par les P mais les T par des V, et les N par des P.
Pour la phrase de voeux, cela donne :
« Je vous souhaive un vrès joyeux Poël 2018 et une vrès belle appée 2019 ! »
Mais j’y pense : si on remplace les T par des V, on devrait remplacer les V par les T, parallélisme de la permutation oblige…
Donc, plutôt :
« Je tous souhaive un vrès joyeux Poël et une vrès belle appée 2019 ! »
– C’est n’importe quoi ! On dirait quelqu’un qui parle en luttant à la fois contre le rhume et une insoutenable dette de sommeil.
– Ou quelqu’un qui écrit un SMS avec le menton parce qu’il a les mains engourdies par le froid.
– Le menton, vraiment ? Mais si c’est un smartphone, celui qui écrit le SMS, il peut utiliser la commande vocale, non ?
– C’est un smartphone avec une commande vocale en grève, elle proteste contre une sursollicitation abusive.
– Ah, une grève de Noël. Ou plutôt une « grête de Poël ! » Ha, ha, ha !

Bonnes fêtes de fin d’année 2018.
Excellente année 2019.
Bons voeux et de la santé pour en profiter !
Merry Christmas & Happy New Year !
A la prochaine !
Coumba Sylla
* « E kana poyi poyi pɔ ! (E kana foyi foyi fɔ !) » : Toi, ne dis rien, rien du tout !
N.B. : Qui sont les « commentateurs » qui apparaissent sans crier gare dans les textes publiés dans « Mes errances » ? Beaucoup de gens : membres de la famille, amis, collègues ou personnages fictifs. Parmi les amis sollicités plus d’une fois pour mettre un peu de sel dans mes monologues, figurent Saliou Traoré et Mamadou Amat, des journalistes sénégalais qui, comme quelques-uns de leurs compatriotes, m’ont fait une vraie place de consoeur et de soeur – en étant toujours bienveillants, discrets -, dans leur famille, leur coeur. Depuis des années.
Saliou a travaillé à l’Agence de presse sénégalaise (APS), pour l’agence EFE comme correspondant permanent basé à Dakar. Il a défendu les intérêts des journalistes et de la presse au sein d’organisations professionnelles et de l’Association de la presse étrangère au Sénégal (APES) dont il fut notamment le président. Il nous a quittés en octobre 2018, un funeste samedi 13.
Amat lui a rendu hommage à la manière de leur relation, avec son style inimitable. Je n’ai pas su lui dire au revoir, pas encore. Je reprends encore mon souffle. Mais il demeure ici, comme un songe. Vous le savez, ceux qu’on aime ne partent jamais bien loin de nous.
I ni baraji, « kɔrɔ-tonton ST ». Allah ka i da yɔrɔ sumaya.

C.S.
Boppe fêves ma chère mipi mô
Pannes de merveilleux moments avec va famille ev ves amis!
Maryse
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Merci, chère Grand Mo et SuperMaryse ! (C’est joli, « mipi mo », tiens…)
Je tais essayer de bien profiver des fêves !
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Tu es tout simplement ADORABLE chère cousine; reste le!!!!!!
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